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Authion

Les Alpes-Maritimes

Les chars devant l'ouvrage de la dea

Dans les Alpes-Maritimes, la crête frontière est fortement tenue par la 34e DI allemande. L’offensive française, fixée au 10 avril, est confiée à la 1ere DFL du général Garbay. L’opération, de nom de code « Canard », vise à s’emparer du massif de l’Authion, à plus de 2000 mètres d’altitude, clef de voûte de la défense ennemie, occupée par le 2e bataillon du 107e RI. C’est la 4e brigade du colonel Delange qui est chargée de mener l’opération principale. Deux actions de débordement sont dirigées au nord, par le BM 21 et une compagnie d’éclaireurs skieurs du 3e RIA, sur les ouvrages du col de Raus et de la Baisse de Saint-Véran et au sud, par le BM 11, sur les ouvrages de la Déa, de la Gonella et de l’Arbouin. Plus au sud, la 2ème brigade du colonel Gardet, doit s’emparer du col de Brouis, de la Tête-du-Bosc et si possible de Breil. Au nord-ouest, le 2/3ème RIA, du colonel Lelaquet, doit conquérir le massif du Mercantour, offrant des possibilités de pénétration en Italie.

Le 10 avril à 7 h 45, le groupe de chasse 2/6 bombarde en piqué les ouvrages de la Forcla et des Mille-Fourches. L’artillerie de la division ouvre le feu entre 9 h et 9 h 30. A sa suite, le BIMP (bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique) se lance dans une attaque frontale, violente, sur des pentes balayées par les tirs rasants des armes automatiques ennemies, provenant des différents ouvrages fortifiés. Le BIMP renforcé de l’escadron de chars du 1er régiment de fusiliers marins, du capitaine de corvette Barberot, se dirigent sur le camp de Cabanes-Vieilles. Ils sont appuyés par un détachement d’assaut, armé de lance-flammes, commandé par le lieutenant-colonel Lichwitz, médecin personnel du général de Gaulle. La résistance allemande est très vive, les Français sont bloqués à 200 mètres des baraquements. Au nord, le BM 21 et les éclaireurs skieurs du 3e RIA s’emparent de la cime de Raus, de la cime du Tuor et des ouvrages du col de Raus. Le 11 avril, les Français ne progressent pas malgré un puissant pilonnage d’artillerie. Les Allemands contre-attaquent localement. Devant la Forcla, la 1ere compagnie du BIMP s’accroche aux cotes 2068 et 2026. Le reste du bataillon accentue un mouvement tournant par le sud de l’ouvrage des Mille-Fourches. La 2e compagnie et les chars s’emparent du camp de Cabanes-Vieilles avec le concours du BM 11 qui arrive par le sud. Dans la foulée les Mille-Fourches tombe. Le 12 avril marque le succès définitif de l’opération, malgré de dures réactions ennemies et de fortes pertes. La 1ere compagnie du BIMP réussi à s’emparer du piton au nord de la cote 2026. A 13 h, la Forcla est enlevé par la compagnie de réserve du BM 21 et deux sections de la 7e compagnie du BM 11 appuyées par des chars venus des Mille-Fourches. A 16 h, le BM 11 attaque Plan-Caval qui tombe 19 h. La pointe des Trois-Communes, culminant à 2082 mètres d’altitude est le dernier bastion ennemi. Sur ce sommet se dresse un ouvrage pentagonal, d’environ quinze mètres de hauteur, entouré d’un fossé large et profond. Ses murs épais sont percés de deux rangées de meurtrières. Les embrasures sont aussitôt prises à partie par les canons de la compagnie anti-chars. Le char du lieutenant de vaisseau Hautière, qui sera tué lors de l’engagement, fonce en direction du fort, s’arrêtant de temps en temps pour tirer, gravit la route en lacets et arrive devant l’ouvrage. Les voltigeurs qui ont pris place sur le char débarquent, et les Allemands craignant une attaque au lance-flammes, se rendent.

Le 13 avril, les opérations reprennent en direction de Tende. Le BM 21 et le 2e BIE, appuyés par les chars du 1er régiment de fusiliers marins, progressent sur la route qui conduit à l’Arbouin et occupe successivement le mont Giagiabella, la Maune, la baisse puis la pointe de Ventabren, mais se trouve sérieusement accroché devant la Déa. Le BM 11 s’empare de la Tête de la Secca appuyé par les chars du 1er RFM. Le 14 Avril, le 3/13 entre en ligne, dépasse le BM 11, mais est arrêté dans sa progression à 1200 mètres de La Béole par des feux violents de mortiers, d’artillerie et d’armes automatiques. Le 15 avril, la division progresse dans tout le secteur et, en fin de journée, toute la chaîne principale du massif de l’Authion est entre ses mains, ainsi que la vallée du Cairo, la Caussega, la Béole, l’Arbouin, la cime de Bosc et la Croix de Cougoule. Brouis et Breil sont occupés

La prise de l’Authion ouvre la voie vers l’Italie pour la 4e brigade. Mais, les routes menant à Turin sont impraticables à cause des destructions. Le Génie de la 1ere DFL est chargé d’élargir un passage. L’avancée est au départ peu rapide (trois heures pour parcourir un kilomètre), car les mulets chargés de porter le ravitaillement s’enfoncent dans deux mètres de neige de profondeur. Puis, la progression est plus rapide, à tel point que Turin n’est plus qu’à soixante-dix kilomètres. Le 29 avril, la capitulation des forces de l’Axe étant proche, il est ordonné aux troupes alliées de ne pas pénétrer en Italie.