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BAF – Les Bataillons Alpins de Forteresse

Création

70e BAF

A partir de 1922, le rapprochement entre l’Italie et l’Allemagne contraint le commandement français à prendre au sérieux la défense de la frontière alpine. Dans les années 30, le renforcement des forts de type Séré de Rivière et surtout la construction de la nouvelle Ligne Maginot nécessitent la mise sur pied de troupes spécifiques au service de ces ouvrages.

Le 28 avril 1934, un décret crée les secteurs fortifiés. Les Alpes sont divisées entre le secteur fortifié de Savoie, le secteur fortifié du Dauphiné et le secteur fortifié  des Alpes maritimes. Ce même mois, les quatre régiments d’infanterie alpine stationnés dans les Alpes (99e et 159e RIA pour la 14e RM, 3e et 141e pour la 15e RM) forment cinq bataillons dit «de forteresse » et quatre compagnies autonomes. Le 1er janvier 1935, ils passent à cinq bataillons et deux compagnies autonomes.

Alpins du 70e BAF à Seloges

Un décret du 16 octobre 1935 ordonne de constituer avec ces formations, sept bataillons alpins de forteresse (BAF) faisant corps et numérotés du nord au sud de 70 à 76. Ils appartiennent chacun à une DBAF (demi-brigade alpine de forteresse), de temps de paix, correspondant chacune à un secteur fortifié, gardant en tradition le drapeau d’une unité locale dissoute.

Dés la création des BAF, les chefs de corps tiennent, bien que ce ne soit pas prévu à leur origine au tableau d’effectifs, à constituer une section d’éclaireurs skieurs (SES) au sein de leur bataillon. Leur existence sera officialisée par la suite.

En 1935, les BAF sont articulés en :

  • Un état-major
  • Trois compagnies mixtes (trois sections de voltigeurs et une section de mitrailleuses)
  • Une compagnie d’engin d’accompagnement (canon de 37 mm et mortiers)
  • Une section hors-rang

 

Le 16 janvier 1937, une nouvelle organisation est définie :

  • Un état-major
  • Une section de commandement
  • Une section d’éclaireurs skieurs
  • Une compagnie hors-rang
  • Deux compagnies mixtes (deux sections de voltigeurs et une section de mitrailleuses)

 

Emplacement des BAF de temps de paix

 GarnisonSecteur de surveillance
70e BAFBourg-Saint-MauriceTarentaise
71e BAFModaneMaurienne
72e BAFBriançonBriançonnais
73e BAFJausiersUbaye
74e BAFLantosque et St Etienne de TinéeTinée-Vésubie
75e BAFSospel-BreilAuthion-Bévéra
76e BAFNice-Menton-CastillonCorniche

 

Uniformes

Le commandant hurte reçoit le fanion du 73e BAF

A leur création en 1935, les alpins des BAF sont équipés, comme les RIF, de la nouvelle tenue de sortie kaki modèle 1935. L’ancienne tenue, dite bleu horizon, est conservée et portée pour le service, les corvées et les manœuvres alpines. Les effets sont très variés. Les vareuses modèle 1914 et les capotes modèle 1915 côtoient les vareuses et capotes modèle 1920. Les pantalons-culottes modèle 1914, renforcés aux genoux ou non, et les culottes modèle 1922 se mélangent. Le bourgeron et le pantalon assorti sont utilisés pour les corvées salissantes, les travaux de fortification et les manœuvres alpines. Le pantalon est également porté seul avec la vareuse bleu horizon, l’été pour les déplacements en montagne, et l’hiver comme surpantalon. Les bandes molletières sont bleu horizon, les chemises et jerseys sont de l’ancien modèle datant d’avant 1914.

Au fur et à mesure que les années passent, le kaki prédomine, le BH n’étant plus utilisé que pour les corvées et les travaux. A la mobilisation d’août 1939, il a complètement disparu au sein de cette unité.

Le béret alpin, plus communément appelée tarte, constitue la coiffure des BAF, comme le décrit le BO du 18 octobre 1935. Son diamètre extérieur varie entre 290 mm et 330 mm suivant les pointures, mais les hommes cherchent souvent à porter la plus grande possible par coquetterie. Il est orné de l’insigne général des troupes de forteresse portant la devise « On ne passe pas ».

Caserne du 80e RAI à Thionville

A la mobilisation de 1939, les alpins portent la tenue modèle 35 comprenant la capote modèle 20/35 et la culotte modèle 1922. Le pantalon modèle 1938 est distribué durant l’hiver. Souvent les manchettes des culottes et pantalons sont coupées pour faciliter le mouvement des mollets en montagne. Les bandes molletières sont couramment remplacées par des bas sans pied de skieur. Les brodequins sont du modèle 1917 ou modèle 1930 et les éclaireurs de la SES portent l’hiver des brodequins de ski modèle 1935 ou de provenance personnelle. Ces hommes étant bien souvent de très bons skieurs dans le civil.

La windjack est utilisée par les éclaireurs skieurs et également par la garnison de la Redoute Ruinée qui occupe un poste exposé aux difficiles conditions climatiques d’altitude.

 

Fanion du 72e BAF

Les pattes de collet sont du modèle général de l’infanterie, chiffres de couleur bleu foncé sur fond kaki avec trois soutaches bleues foncées au lieu de deux, pour se différencier de l’infanterie classique. Les BAF ne possèdent pas de pattes de collet de sortie, contrairement aux RIF. Elles sont confectionnées également sur fond bleu horizon pour les effets de cette couleur.

Un attribut amovible de manche est porté sur le bras gauche de la tenue de sortie avec l’inscription Tarentaise, nom de la vallée où le bataillon cantonne. La broderie est en soie bleu foncé pour la troupe et en fil d’or pour les caporaux-chefs et les sous-officiers. Les officiers portent également cet attribut même si ce n’est pas réglementaire, parfois brodé en cannetille.

L’armement

Les BAF sont équipés du fusil Berthier modèle 1907/15, du fusil Lebel modèle 1886/93 ou du mousqueton Berthier modèle 1892 M16. Chaque section de fusiliers voltigeurs est dotée de quatre FM modèle 1924-29, au lieu de trois pour l’infanterie classique et de quatre tromblons VB (associés aux fusils Lebel).

Les mitrailleuses sont des Hotchkiss modèle 1914, les mortiers de 81 mm sont des Brandt modèle 1927/31 et les mortiers de 60 mm du modèle 1935. Le fort de la Redoute Ruinée est équipé de deux mortiers de 81 mm Stockes modèle 1918, prouvant leur dotation dans les BAF.

 

Fanfare du 73e BAF